Poèmes de Bruno Bernier dits par Daniel Dubé                                   

                                  

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extraits de Soleil noir

De ruisseau en ruisseau

Je voyage de ruisseau en ruisseau
J'ai des ailes au bout des pieds
Je sens ma tête vide
Et dans mes mains, il y a une pomme
Une très vieille pomme ridée
Qui a une chair de femme
Douce au toucher,
Délicate à caresser.
Une pomme souveraine
L'exemplaire parfait et velouté.
Dans mes mains, j'ai une pomme
Une très vieille et respectable pomme,
Une pomme surnaturelle
Que j'aime caresser.

Douce amie aux yeux tendres

Cheveux fous
Bouche dévorante
Amie, une nuit d'été
C'est court et énorme à la fois
Amie, un baiser
C'est peu et amour à la fois.
 
Amie, tes jambes loin des vents méchants
Tes mains, loin de la noirceur
Coeur pur et doux,
chanson et fumée, joie,
Merci amie,
Sur la plage nous nous retrouverons
Sable et ciel, galets, vagues caressantes.
L'immense plage sera notre lit
Mêm si nos corps séparés par la distance
Et nos amours,
Même si nos lèvres
Embrassent
D'autres
Lèvres.

La clope au bec

Les mains sur les hanches de cette fille
Tu danses et la fumée se lève et s'en va
Et la fille tourne et vibre
Et la musique continue
La trompette fait son solo, haché
Trituré par des milliers de pensées
Et la femme entre tes bras
Se lève et s'élève
Et s'en va de tes bras.

 

 

           

          Prostituée bizarre

          Une lampe au pied d'un arbre
          Une vision romanesque
          Et des voitures
          Par centaines sur le fleuve.
          Prostituée bizarre
          Qui payée par le mâle
          Paye de son corps
          La frustration des hommes.
          La nuit est là,
          Des enfants nus sur les rues
          Dévient le souffle du vent
          Et endorment ta méfiance
          Lecteur, tu empoisonnes tes yeux
          Tu ne sais plus imaginer tes mots.

Un joli petit chien se prélasse dans un fauteuil,
Devant lui sur une table basse fument des tasses de thé,
Des voix dans le couloir glissent jusqu'au coeur de la chambre.
Un sucre ou deux dans le creux de la tasse
Et puis plus rien dans la main
Qu'un mouvement rond qui agite la cuillère.
Puis la tasse élevée jusqu'à la bouche,
Un gateau sur l'assiette.
L'on regarde par la fenêtre la grisaille
Et la pluie, et l'on se dit,
Mais qu'est-ce que l'on est bien chez soi.

 Avec sa poire

Elle se tient toujours au comptoir
La fille qui refuse de s'asseoir
Même si tu l'invites à boire.
Elle veut rester au comptoir
Elle se regarde dans le grand miroir
Elle se fait de l'oeil avec espoir
Elle espère qu'elle se plaîra un soir
Qu'elle repartira avec sa poire
Qu'elle passera la nuit
Avec elle-même
Et non pas avec un corps
Rencontré au hasard,
Croisement de deux solitudes.
      Sur les trottoirs la nuit glisse ses pas
      Et moi je glisse en toi
      Tu dors et tu ne le sais pas
      Je me promène à travers toi.
       
      Nuit dans la nuit
      Je suis dans toi comme un bruit
      Bruit de ton coeur
      Je tiens tes hanches entre mes mains
      Comme si je ne tenais plus à rien.

   

  Si l'agneau est rouge de sang

Si le manche est de bois
La lame est de fer
Si la chair est d'homme
Les habits sont d'agneau
Si la mort est là
C'est que la lame est dans l'homme.
Souvent, quand les poètes meurent
Il leur faut de la patience.
 
Il leur faut attendre que leur mort soit homologuée
Pour encaisser leurs droits d'auteur.
Moi, cela fait vingt-trois fois que je meurs.
Et vingt-trois réussites.
Malgré les mauvaises langues,
Chaque fois j'ai prévenu les agences de presse et
Convoqué les photographes, les radios et les autres.
Toujours six mois à l'avance.
A chaque fois, je laisse ma mort se faire en direct.
En fait, j'ai négocié mon transfert, directement avec la Mort.
 
Souvent, quand les poètes vivent
Il leur faut de la patience.

 1945, 1946, 1947...1955

Mairie d'Antibes.
Martin Essoir, désirez-vous épouser Isabeau de La Jonquille, ici présente?
Le marié pris d'un fou rire fut emporté...
Pour un mariage, ce fut un bel enterrement.

Merci à Yves Brillon brillon@videotron.ca http://www.lapoesie.com qui a sauvé les enregistrements de Daniel

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